mercredi 17 octobre 2012

Lettre à mon père


Chanson d'automne, Paul Verlaine

Les sanglots longs
Des violons
De l'automne
Blessent mon cœur
D'une langueur
Monotone.

Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l'heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure


Et je m'en vais
Au vent mauvais
Qui m'emporte
Deçà, delà,
Pareil à la
Feuille morte.

Ces 3 vers me ramènent à ton souvenir. Quand je me souviens, je pleure, parfois de joie, parfois de peine. Mes souvenirs s’estompent chaque jour un peu plus, j’essaie de lutter contre, mais le temps fait son œuvre. Je n’ai pas envie d’oublier !
Le 8 août 2001, tu mourrais. Après 4 ans de lutte, la maladie l'a emporté. Le cancer, ce gros méchant crabe, faisait une nouvelle victime. J'étais jeune, immature, insouciante puisqu'en vacances avec mes amis. Un seul coup de téléphone a tout fait changer; j'ai grandi d'un coup, mon ventre s'est serré, et quand je pense à ce moment-là, l'effet est toujours le même.
Tu étais doux, généreux, drôle, colérique, appliqué, vulgaire, impatient, entêté. Tu étais un homme que je n’arrivais pas à connaître, peut être parce que je ne le voulais pas vraiment. Tu étais adulé de tes patients, mais méconnu de ta famille. Tu étais le grand amour de Maman, l’ennemi de ma sœur, le frère ainé de ta famille, le grand médecin de la région, l’ami, le conseiller. Tu étais tout ça à la fois.
Mais pour moi ? Tu es resté un mystère. Je n’ai aucun doute sur le fait que tu nous as aimées, à ta manière. Tu nous as couvertes de cadeaux. Petite, je me souviens de moments passés dans tes bras. Et tout a changé un jour. Sans doute à l’adolescence, car il devient difficile pour une jeune fille de communiquer avec son père. Je ne sais pas ce qu’il y avait dans nos têtes à ce moment là. Nous pensions probablement que la vie nous offrirait le temps de nous retrouver, que l’éloignement n’était que passager.

Je me souviens de longues balades sur tes épaules, de parties de jeux vidéos endiablées, de ton parfum, de ton rire à nos blagues pas toujours drôles, de ta patience à construire des maisons en briques, et de ta sérénité à nous regarder les détruire méthodiquement, de ta façon de jouer de l’harmonica, de tes sifflements tonitruants, de tes dessins toujours précis et appliqués. Tu étais une espèce à part ; un scientifique artiste.

Souvent, tu me manques.

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